Collier C1, C2 ou C3: comment choisir sa minerve
Les colliers cervicaux, ou minerves, constituent des dispositifs orthopédiques dédiés à l'immobilisation, partielle ou complète, du rachis cervical et du crâne, en réponse à des dommages aux vertèbres cervicales ou à un torticolis musculaire. Selon la spécificité de la lésion cervicale, le niveau d'immobilisation fourni par ces dispositifs peut varier. Avec l'intensification des activités sportives, influencée par les changements dans les loisirs et les attitudes, les blessures sportives, touchant tant les amateurs que les professionnels, sont en hausse, mettant les cervicales en première ligne des préoccupations médicales sportives.
Concernant les sports à risque, une grande variété d'activités domestiques et sportives sont impliquées dans les traumatismes cervicaux. Cela inclut les accidents domestiques liés à l'usage du trampoline, à la nage dans des piscines peu profondes, aux plongeons en rivière ou au jeu dans les vagues, ainsi qu'aux pratiques sportives telles que les sports de combat, les arts martiaux, le rugby, le hockey, mais aussi les disciplines mécaniques, équestres, extrêmes, ainsi que la rame, la plongée, la gymnastique, le ski et le cyclisme, mettant particulièrement en péril la région cervicale.
Quant aux principales sources de ces blessures, des actions spécifiques telles que les plaquages tardifs au rugby, qui provoquent des impacts violents contre la tête d'un autre joueur, sont particulièrement dangereuses pour les cervicales. La récurrence des chocs violents, les mouvements brusques de la tête, comme ceux subis par les boxeurs, contribuent également aux lésions cervicales, tout comme les conditions météorologiques adverses et les caractéristiques des terrains de sport qui augmentent le risque de telles blessures.
C1, C2, C3: Quelle minerve choisir en fonction de sa blessure ?
Dans ce billet de blog, nous explorons l'épidémiologie des troubles cervicaux les plus courants rencontrés dans le sport, en mettant l'accent sur leurs symptômes ainsi que sur l'importance cruciale d'une prise en charge orthopédique adaptée et durable, incarnée par l'utilisation de colliers cervicaux de dernière génération et de haute précision technique.
Anatomiquement, la colonne cervicale se compose de sept vertèbres disposées en série, les deux premières étant atypiques et jouant des rôles cruciaux : la première vertèbre, nommée atlas en hommage au titan de la mythologie grecque, supporte le poids de la tête. La seconde, appelée axis, permet sa rotation. Ensemble, elles constituent la partie supérieure du rachis cervical.
Les vertèbres de C3 à C7, formant la partie inférieure du rachis cervical, partagent une structure similaire et remplissent plusieurs fonctions essentielles : elles servent d'innervation principale, agissent comme des amortisseurs en absorbant les chocs et les vibrations à travers les disques intervertébraux et les articulations, protègent la moelle épinière et participent à une complexe interaction d'informations avec la zone anatomique de l'épaule.
L'activité sportive met à l'épreuve la colonne vertébrale cervicale, l'exposant à des risques de lésions qui peuvent s'avérer sérieuses. Cette section vise à dresser un état des lieux des symptômes associés à ces pathologies cervicales liées au sport et à explorer les moyens de les surmonter.
Lésions macro traumatiques du rachis cervical haut (ou supérieur)
- La fracture de l'odontoïde de la C2 est fréquente et grave chez le sportif, risquant de compromettre le pronostic vital par paralysie respiratoire si non diagnostiquée. Elle touche autant les jeunes lors d'accidents comme le plongeon que les sportifs plus âgés suite à une chute en cyclisme. Les symptômes incluent douleur et raideur cervicale haute, avec parfois un hématome au pharynx palpable. Le diagnostic repose sur un bilan radiologique révélant la fracture, déplacée ou non. Le traitement orthopédique par minerve rigide « Philadelphie » est indiqué pour les fractures non ou peu déplacées sans atteinte neurologique, tandis que la chirurgie est envisagée pour les fractures déplacées ou avec un écart inter fragmentaire significatif.
- La fracture isolée et non déplacée de l'atlas, ou fracture C1, a été initialement décrite par Jefferson en 1927, ce qui lui vaut aussi le nom de fracture de Jefferson stable. Cette blessure résulte généralement d'une compression axiale due à une chute sur l'arrière de la tête, un impact violent ou une rotation excessive de la tête. Les symptômes se manifestent principalement par des douleurs au niveau du rachis cervical supérieur, sans signes neurologiques dans la plupart des cas. Pour ce type de fracture, une immobilisation avec une minerve rigide de haute technicité est préconisée pour une période de 8 à 12 semaines. La chirurgie est envisagée uniquement pour les cas de fractures de Jefferson instables.
- L'entorse cervicale grave C1-C2 est une lésion instable résultant d'une hyperflexion du ligament transverse, qui perd alors sa fonction de limitation du mouvement postérieur. Cette pathologie se manifeste par des douleurs et une raideur cervicales. Le diagnostic est principalement établi par un examen radiologique de profil, révélant un déplacement excessif de la dent de l'axis et de l'arc antérieur de C1. Le traitement de cette entorse grave est chirurgical, nécessitant une arthrodèse C1-C2 pour rétablir la stabilité.
Lésion macro traumatique du rachis cervical bas (ou inférieur) prédominante
- L'entorse cervicale résulte d'une lésion ligamentaire partielle au niveau des vertèbres mobiles, pouvant être une distension ou une déchirure des ligaments de la colonne vertébrale. Cette blessure peut survenir suite à une hyperflexion, souvent désignée sous le terme de « coup du lapin », une extension ou une flexion due à une décélération brutale. Les symptômes incluent une douleur cervicale spécifique, exacerbée lors de la palpation, et sont confirmés par des radiographies en flexion et extension réalisées au 10ème jour après l'incident, illustrant la nature de l'entorse. Pour le traitement, un collier cervical souple est recommandé durant les trois premières semaines pour une entorse légère, accompagné d'une prise en charge kinésithérapique immédiate et essentielle. Après cette période de guérison initiale, il est conseillé de réduire progressivement l'utilisation de la minerve et d'intégrer des exercices actifs pour réhabiliter la colonne cervicale. Pour les entorses d'une gravité modérée, une minerve fournissant un soutien mentonnier est préférée, afin d'offrir une stabilisation et un soutien accrus.
Les lésions micro traumatiques de la colonne vertébrale cervicale
- Les cervicalgies se manifestent par des douleurs variées au niveau du rachis cervical, souvent associées à d'autres symptômes. Des mouvements brusques, comme ceux pratiqués au basketball ou au volley-ball, peuvent les provoquer. Des positions contraintes et non naturelles, typiques du cyclisme ou du ski, ainsi que des erreurs techniques, contribuent également à leur apparition, tout comme les sur-entraînements. Avec l'âge, le risque d'arthrose cervicale augmente également. Les symptômes incluent des douleurs irradiant vers les épaules, la mâchoire, les bras, ou les doigts, pouvant limiter les mouvements de la tête et provoquer des sensations de décharges électriques, des maux de tête, ou des vertiges. Ces vertiges sont souvent décrits non pas comme rotatoires mais comme une sensation d'instabilité ou l'impression de s'enfoncer dans le sol, pouvant engendrer stress et anxiété si la cause n'est pas identifiée.
La kinésithérapie est privilégiée pour traiter les cervicalgies, via des mobilisations douces, des exercices de remise en contrainte, et de détente musculaire. En cas de douleur persistante ou pour des pathologies à évolution lente, la prise d'antalgiques sur une courte durée et le port d'un collier cervical semi-rigide ou souple peuvent être recommandés, toujours sous avis médical.
La reprise du sport en cas de mal de cou
Il est crucial de solliciter les conseils de professionnels (kinésithérapeutes, chirurgiens du rachis, médecins, etc.) pour naviguer ces étapes de manière sûre et informée.
Reprise sportive sans acte chirurgical : La reprise des activités sportives suite à une lésion cervicale traitée par des moyens conservateurs, sans intervention chirurgicale, exige un rétablissement complet de la mobilité et de la force musculaire de la colonne vertébrale cervicale, sans douleur. Il est également nécessaire que la stabilité de l'ensemble du rachis soit assurée dans un contexte sportif qui minimise le risque de nouvelle blessure.
Reprise sportive après acte chirurgical : La reprise du sport suivant une intervention chirurgicale pour une lésion cervicale dépend de plusieurs facteurs, dont la cause initiale de la blessure, le type de chirurgie réalisée, le risque de récidive, les résultats obtenus post-opération, ainsi que le niveau de pratique sportive antérieur à la blessure.
Prévention des douleurs du cou chez le sportif
La clé pour éviter les lésions cervicales réside dans la prévention, qui se décline de plusieurs manières :
- Préparation physique optimale : Cela implique un entraînement qui développe à la fois la force musculaire et la flexibilité, spécifiquement adapté à chaque discipline sportive, en utilisant des méthodes d'entraînement éprouvées.
- Sensibilisation aux risques : Il est crucial d'informer sur les dangers spécifiques à chaque sport pour prévenir les blessures.
- Utilisation d'équipement adapté : Choisir du matériel sportif de haute performance conçu pour chaque activité, comme le casque pour les sports de glisse ou mécaniques, ou encore une ceinture lombaire en haltérophilie pour prévenir les répercussions lombaires sur les cervicales.
- Évaluation médicale préalable : Un bilan de santé effectué par un professionnel (incluant, si nécessaire, un examen radiographique du rachis cervical) est essentiel. Ce bilan vise non pas à exclure de la pratique sportive, mais à établir un suivi adapté.
Ces mesures, en combinant entraînement adéquat, éducation, équipement approprié et évaluation médicale, constituent une approche holistique de la prévention des blessures cervicales dans le sport.